Centrale nucléaire de Zaporijia : quels sont les risques ? L'AIEA s'installe sur le site

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[Mis à jour le 1er septembre 2022 à 19h15] "L'intégralité physique de la centrale a été violée à plusieurs reprises [...] de manière volontaire ou non". Voici la conclusion du directeur générale de l'AIEA, Rafael Grossi, après une journée passée à la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine. Une équipe d'experts de l'agence onusienne est arrivée sur le site le 1er septembre pour constater les dégâts et assurer la sécurité de la centrale. La mission devait initialement durer quelques jours mais le directeur a déclaré en fin de journée que ses équipes restent "en résidence" à Zaporijia : "Nous allons avoir une présence continue à la centrale". Un objectif que l'homme s'était fixé avant même de poser un pied sur le site nucléaire.

Alors que les bombardements près de la centrale nucléaire de Zaporijia font courir de gros risques et inquiètent la communauté internationale, les déclarations du chef de l'AIEA ne sont pas rassurantes. Lui-même a reconnu qu'il sera "inquiet jusqu'à ce que la situation soit plus stable". Problème, la situation est loin d'être sous contrôle avec des frappes en continu près du site nucléaire ou d'Enerhodar, la ville où se trouve la centrale. Le 1er septembre, alors que la visite de l'AIEA était prévue et que des garanties de sécurité avaient été données par les autorités ukrainiennes et russes aux experts, des bombardements ont eu lieu toute la matinée. L'Ukraine a dénoncé des tirs russes de mortiers et d'armes automatiques tandis que la Russie a accusé Kiev s'avoir envoyé des "saboteurs" : "Vers 6 heures, deux groupes de saboteurs de l'armée ukrainienne, jusqu'à une soixantaine de personnes, ont débarqué à bord de sept embarcations (…) à 3 kilomètres au nord-est de la centrale nucléaire de Zaporijia", a annoncé le ministère de la défense russe dans un communiqué, précisant avoir pris des mesures "pour anéantir l'ennemi". Les bombardements ne sont toutefois pas assez dissuasifs pour faire fuir l'AIEA qui s'est rendue sur place malgré les risques et entend rester pour "préserver" le site nucléaire. Les équipes de l'agence ont entre autres pour mission d'"évaluer la situation réelle" et "aider à stabiliser la situation autant que possible".

La centrale nucléaire de Zaporijia ciblée par les bombardements

Plusieurs bombardements ont pris pour cible la centrale nucléaire de Zaporijia ou les villes voisines depuis le début de la guerre en Ukraine. Moscou et Kiev se rejettent mutuellement la faute à chaque nouvelle frappe mais les deux camps sont appelés par la communauté internationale et l'AIEA à mettre un terme aux attaques près du site compte tenu du danger que cela représente. Des appels renouvelés en août lorsque plusieurs bombardements se sont succédés. Les dernières frappes ne remontent pas plus loin qu'au matin du 1er septembre, jour de la visite des experts de l'AIEA. Des assauts d'origine russe et qui ont visé la ville d'Enerhodar selon l'Ukraine.

Outre les bombardements qui ont déjà touché un bâtiment de stockage de matière radioactive et un réacteur de la centrale, la centrale nucléaire de Zaporijia a aussi été momentanément déconnectée du réseau électrique par les troupes russes entre le 25 et le 26 août. La procédure même temporaire a failli mettre en péril la centrale puisqu'empêchant le refroidissement des réacteurs et faisant courir le risque d'une surchauffe et donc d'un accident nucléaire. La situation est heureusement revenue à la normale grâce à un système de secours qui a pris le relais jusqu'au raccordement du site au réseau électrique. Les jours suivants, l'opérateur nucléaire ukrainien Energoatom a mis en garde contre des risques de fuites radioactives et d'incendies après de nouvelles frappes. La compagnie nationale a indiqué que "l'infrastructure de la centrale a été endommagée et il existe des risques de fuite d'hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives". Selon elle il faut aussi craindre un risque d'incendie élevé.

Quels sont les risques pour la centrale nucléaire de Zaporijia ?

L'Agence internationale de l'énergie atomique confirme être inquiète au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijia et des risques qui couvent sur le site à cause des bombardements. "L'installation fonctionne, mais avec des difficultés, de sorte que dans les circonstances actuelles, le scénario d'un accident ne peut être exclu. Il y a des interruptions en continu de l'approvisionnement électrique, des problèmes avec les combustibles usés… Un accident vous fait passer du vert au rouge sans transition. Donc, je suis effectivement inquiet", détaillait Rafael Mariano Grossi, le directeur général de l'AIEA, dans un entretien accordé au Monde le 26 août. 

Le risque d'accident de fusion au cœur de la centrale est devenu une possibilité depuis la déconnexion de la centrale nucléaire au réseau électrique fin août. L'électricité est indispensable pour assurer le refroidissement des réacteurs et éviter un accident nucléaire et selon le patron du nucléaire ukrainien, Petro Kotin, 90 minutes sans électricité seraient suffisantes pour que la température des réacteurs devienne préoccupante et qu'un début de fusion soit envisagé. Reste que le risque est "très improbable" selon Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au Conservatoire national des arts et métiers contactée par le Monde, le 31 août. Les importantes mesures de sécurité qui tiennent en la présence de vingt groupes électrogènes de secours offrent "environ une semaine à dix jours d'autonomie de carburant", de quoi laisser le temps d'intervenir et d'éviter la catastrophe. L'experte exclut aussi le risque d'explosion ou de formation d'un nuage radioactif comme cela avait été le cas lors de l'explosion de Fukushima.

Selon Emmanuelle Galichet, les risques et accidents plus susceptibles d'arriver concernent surtout les stockages des déchets radioactifs. "Si les conteneurs très robustes dans lesquels ils sont entreposés venaient à céder, il y aura une dissémination de radioactivité autour de la zone de stockage", explique-t-elle en écartant encore une fois l'hypothèse d'un nuage radioactif dans la haute atmosphère. Pour l'heure "aucun rejet anormal de radioactivité" n'a été constaté par les instituts de recherche, très attentif à la situation.

Carte de la centrale nucléaire de Zaporijia

La centrale nucléaire de Zaporijia est située sur les bords du fleuve Dniepr, dans la partie sud de l'Ukraine. Le site ne se trouve pas à proximité directe de la ville, mais à une cinquantaine de kilomètres à vol d'oiseau au sud-ouest de la commune. Elle est précisément installée sur le territoire de la ville d'Enerhodar.

Si l'Ukraine compte à ce jour cinq centrales nucléaires sur son territoire, celle de Zaporijia est la plus puissante d'Europe.



source https://www.linternaute.com/actualite/monde/2613581-centrale-nucleaire-de-zaporijia-quels-sont-les-risques-l-aiea-s-installe-sur-le-site/
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