Qui prendra la tête du Parti socialiste ? Il est encore trop tôt pour répondre à cette question alors que le premier tour de l'élection du nouveau premier secrétaire du PS se tient ce jeudi 12 janvier 2023. Trois candidats sont en lice mais un seul à beaucoup à perdre lors de ce scrutin : Olivier Faure, actuel patron du parti à la rose et candidat à sa réélection. Face à lui, deux candidats : Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol. Après l'annonce des résultats du premier scrutin, attendu dans la soirée ou la journée de demain, les deux candidats avec le plus de voix se prépareront pour le second tour du 19 janvier.
Si le numéro 1 du Parti socialiste est fort du soutien de nombreux de ses collègues, il divise aussi énormément. A tel point que le vote pourrait, pour certains, être une sorte de procès fait à Olivier Faure et sa stratégie de rejoindre la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). La décision prise lors des élections législatives de 2022 est toujours en travers de la gorge d'une grande partie de la gauche socialiste et Olivier Faure, artisan de cette alliance, pourrait le payer cher.
D'ailleurs ses adversaires utilisent comme argument et moyen d'identification leur position par rapport à la Nupes : Hélène Geoffroy défend le camp opposé à l'alliance et Nicolas Mayer-Rossignol celui de la troisième un ni-pour, ni-contre. La question de la Nupes et de l'avenir du PS, avec ou sans l'alliance est d'ailleurs l'un des points clés du scrutin des 12 et 19 janvier mais aussi du Congrès du PS organisé du 27 au 29 janvier à Marseille. Les deux événements, s'ils ne passionnent pas les foules pas même dans les rangs socialistes, sont très stratégiques et d'eux dépend la capacité du PS à retrouver une place force dans le paysage politique français.
Qui sont les candidats pour prendre la tête du PS ?
A l'approche du Congrès du PS, sept orientations se sont faites entendre mais seulement trois sont allées jusqu'au bout du processus. Sans surprise, les quatre restées muettes se sont rangées derrière la candidature d'Olivier Faure tandis que les deux autres prétendants pour devenir patron du PS sont seuls en course mais compte des soutiens de poids.
- Olivier Faure : premier secrétaire du Parti socialiste depuis 2018, l'homme de 54 ans a rejoint les rangs du PS alors qu'il avait 16 ans et a progressivement gravi les échelons. Il est député de Seine-et-Marne et membre de la direction du parti depuis juillet 2012. Si depuis son élection à la tête du PS, Olivier Faure a fait l'unanimité, en 2022 le leader politique a divisé la gauche en acceptant de s'allier à La France insoumise (LFI) pour former la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) en vue des législatives. Le premier secrétaire du PS est depuis accusé de "subordination" par les cadres du parti qui dénoncent une "reddition" et un effacement du PS derrière le discours trop radical de LFI. Pourtant, le patron des socialistes soutient que cette alliance était le seul moyen pour le PS de conserver du poids à l'Assemblée nationale.
- Hélène Geoffroy : maire de Vaulx-en-Velin et vice-présidente de la Métropole de Lyon (Rhône), cette militante socialiste a aussi un temps occupé la fonction de députée (2012 à 2016) et celle de secrétaire d'Etat pendant un an sous le mandat de François Hollande. Déjà candidate contre Olivier Faure pour prendre la tête du parti lors du Congrès du PS en 2021, Hélène Geoffroy retente sa chance et défend une ligne opposée à celle du premier secrétaire actuel et à la Nupes. Elle fait d'ailleurs partie des cadres à voir la fin du PS dans cette large alliance des forces de la gauche. Soutenue par de nombreux élus de terrain, la candidate est considérée comme la représentante de l'aile droite du parti, une position qu'elle réfute.
- Nicolas Mayer-Rossignol : il est le maire de Rouen et le président de la Métropole Rouen Normandie (Seine-Maritime). Ce cadre du PS est entré en politique en travaillant auprès de Laurent Fabius à partir de 2008 à l'agglomération de Rouen et s'est engagé pour la Région tour à tour en tant que conseiller ou président de Région. Il a aussi servi Laurent Fabius au ministère des Affaires étrangères jusqu'en 2013. Lors de l'élection présidentielle de 2022, Nicolas Mayer-Rossignol a pris part à la campagne d'Anne Hidalgo et sa candidature à la tête du PS profite cette fois du soutien de la maire de Paris, mais aussi de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie et de l'association Région de France. Comme cette dernière, le candidat ne reconnaît pas la place du PS au sein de la Nupes et défend une "troisième voie" entre Faure et Geoffroy. Son credo ? Être ni pour ni contre la Nupes et réformer une "gauche sociale-démocrate, républicaine, humaniste et écologique".
Que disent les sondages sur l'élection du patron du PS ?
Le PS ne s'est pas noyé sous les sondages avant le premier tour du scrutin de l'élection du nouveau premier secrétaire. Mais il est facile de voir qu'Olivier Faure endosse le rôle de favori, sans pour autant être assuré d'une réélection. L'homme est le seul a avoir avancé un objectif chiffré pour le vote de ce jeudi 12 janvier : faire au moins 50% des voix. Ce score lui assurerait une victoire au second tour et une majorité dans les instances du PS, lesquelles se composent selon le système de la proportionnelle par rapport au résultat des trois candidats en lice au premier tour.
L'objectif est atteignable mais peut aussi être empêché par les scores des adversaires. Hélène Geoffroy estime avoir une base électorale d'au moins 30%, selon ses résultats lors du précédent congrès du PS en 2021. Et la candidature de Nicolas Mayer-Rossignol peut jouer les trouble-fêtes. Reste qu'il est quasi certain qu'Olivier Faure sera encore en lice lors du second tour le 19 janvier. Mais là encore, le doute est permis en cas d'alliance entre ses deux rivaux, alors "les deux courants minoritaires s'allieront pour faire élire leurs propres premiers fédéraux et Olivier n'aura pas la majorité dans les instances", analysent un socialiste auprès de l'Obs.
Qui vote pour élire le dirigeant du PS ?
L'élection étant déterminante pour l'avenir du PS, seuls les adhérents du parti sont invités à participer au scrutin des 12 et 19 janvier 2023. Au total 41 000 personnes encartées peuvent s'exprimer dans les urnes mais il est improbable que tous les adhérents participent au vote. Le parti ne s'attend pas à ce que plus de 20 000 votants prennent position en faveur d'un nom. Pourtant, compte tenu de l'importance stratégique du Congrès du PS de 2023 un regain d'intérêt aurait pu être observé.
Quels sont les enjeux du Congrès du PS ?
Tous les membres du PS s'accordent à dire que le Congrès de 2021 est rempli d'enjeux, et pour cause c'est l'avenir du parti qui s'y joue. Plusieurs questions se posent mais elles peuvent être résumées en une seule : faut-il poursuivre sur la ligne tracée par Olivier Faure avec l'alliance de la gauche ou s'en extraire et essayer de faire renaître le PS de ses cendres ? Dans le camp d'Olivier Faure on martèle que l'alliance de la Nupes était le seul moyen de permettre au parti d'exister à l'Assemblée nationale quand les éléphants du parti et les cadres de la génération précédente hurlent à l'effacement du parti derrière la radicalité des insoumis.
Au delà de la Nupes, les membres du PS s'interrogent sur le fonctionnement du parti qui bat de l'aile et dont le manque de cadre n'est sans doute pas étranger aux résultats historiquement bas du parti à la rose aux dernières élections (1,75% à la présidentielle de 2022). "Depuis cinq ans, on fonctionne à l'envers. Les députés prennent des positions qui deviennent celles du parti ", déplore la députée Valérie Rabault dans l'Obs, non sans jeter la faute à Olivier Faure à la tête du PS depuis 2018. Elle n'est pas la seule à juger l'homme responsable de la perte de vitesse de la formation politique et a être partisane d'un renouvellement à la tête du parti.
Enfin, dernier sujet, lié au deux premiers, qui doit être abordé au Congrès PS : quid de la stratégie électorale pour les prochains rendez-vous politiques ? Impossible de répondre sans avoir pris position sur l'alliance de la Nupes car en fonction le PS devra faire campagne seul ou composer avec les autres forces de gauche. Mais le calcul est délicat : seul, il faudra travailler dur sans être sûr que les efforts portent leur fruit pour conserver l'avantage aux élections sénatoriales et municipales, mais à plusieurs le PS devra inévitablement léguer à ses alliés de gauche au risque de s'effacer. Le point culminant du prochain cycle électoral étant la présidentielle de 2027, le PS doit aussi se préparer à présenter un candidat et à être en mesure de lui garantir un score digne de ce nom. A ce sujet, certains prêtent à Olivier Faure des ambitions élyséennes.
source https://www.linternaute.com/actualite/politique/2708263-congres-du-ps-olivier-faure-en-tete-des-resultats-du-premier-tour/
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