Noël Le Graët : sa démission inévitable ? Plusieurs instances du foot l'exigent

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[Mis à jour le 10 janvier 2022 à 20h55] Les jours de Noël Le Graët à la tête de la Fédération française de football (FFF) semblent, plus que jamais comptés. En témoigne cette interview-choc accordée à L'Équipe, mardi 10 janvier, par le président du Conseil national de l'éthique (CNE) de la FFF, Patrick Anton. Habituellement reconnu pour sa discrétion, le CNE a finalement pris position dans l'épineux dossier Le Graët. "On appelle le président de la Fédération au retrait de ses fonctions et donc à sa démission", a déclaré, sans détour au journal sportif, Patrick Anton, qui estime : "On a besoin d'un pouvoir qui soit fort et serein, ce qui malheureusement n'est plus le cas." Appelant à la "sérénité" et jugeant qu'"il faut éviter le déballage", le président du Conseil national de l'éthique ne s'est pas pour autant montré plus tendre à l'encontre de Noël Le Graët. "Le président a tenu des propos qui démontrent qu'il a perdu un peu de sa lucidité. C'est un homme qui est fatigué, qui a besoin de passer à autre chose. Gouverner une Fédération qui a deux millions de licenciés suppose que l'on ne perde pas son calme et sa sérénité comme il l'a fait", a affirmé Patrick Anton, avant de conclure : "Il faut retrouver un cap fort." À noter que mercredi 11 janvier au matin doit se réunir un comité exécutif extraordinaire de la FFF.

De manière générale, les propos irrespectueux du patron du ballon rond français au sujet de Zinedine Zidane semblent être la polémique de trop. Plusieurs joueurs des Bleus (Kylian Mbappé ou encore Hugo Lloris) mais aussi la ministre des Sports ont exprimé leur réserve au sujet de Noël Le Graët, voire ont appelé à le faire sortir du jeu. Reste que le président de la FFF en poste depuis 11 ans ne semble pas envisager une démission. L'homme a préféré s'excuser auprès de Zinedine Zidane le lundi 9 janvier au lendemain de son intervention très critiquée dans l'émission de Marion Bartoli sur RMC Sport. Interrogé sur la prolongation de Didier Deschamps à la tête des Bleus jusqu'en 2026, Noël Le Graët avait assuré se moquer de la carrière de l'entraîneur du Real Madrid : "Zidane au Brésil ? Je n'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut! Il peut aller où il veut, dans un club... sélection, j'y crois à peine en ce qui le concerne".

Réunion en urgence du comité exécutif de la FFF mercredi matin

Selon franceinfo, le comité exécutif de la Fédération française de football doit se réunir en urgence ce mercredi 11 janvier. La réunion doit avoir lieu dans la matinée. Objectif : entendre Noël Le Graët. Comme évoqué plus tôt dans la journée de mardi par franceinfo, certains membres du Comex (comité exécutif) comme Philippe Diallo, vice-président, et Jean-Michel Aulas avaient fait savoir qu'ils souhaitaient convoquer une assemblée extraordinaire pour convaincre Noël Le Graët à renoncer et l'inciter à démissionner. Alors que le comité exécutif extraordinaire doit se tenir, un vote pourrait être organisé et mettre Le Graët en minorité, le forçant à se présenter devant une AG extraordinaire qui pourrait remettre en cause son mandat de président (voir l'encadré juste en dessous).

Dans un article publié mardi 10 janvier, Le Parisien annonce que Noël Le Graët va bientôt être entendu par son propre comité exécutif après l'aval de quatre des membres de ce dernier. Trois points clés seront abordés :

  • Le premier concerne la gouvernance. Le Comex n'a pas apprécié de ne pas avoir été consulté en amont sur la prolongation de Didier Deschamps jusqu'en 2026.
  • Le deuxième concerne Zinedine Zidane. Les membres s'étonnent que le service de communication de la FFF ait été court-circuité de cette façon.
  • Le troisième concerne le témoignage de Sonia Souid qui a révélé lundi auprès de L'Équipe et de BFMTV avoir subi des avances déplacées, preuves à l'appui (SMS, messages vocaux, appels).
 

Les excuses de Noël Le Graët après ses propos sur Zidane

Face à la polémique, le président de la FFF a publié un communiqué lundi 9 janvier auprès de l'AFP, parlant de propos maladroits et présente ses excuses à Zinedine Zidane. Le président de la Fédération française de football Noël Le Graët reconnaît "des propos maladroits qui ont créé un malentendu" concernant Zinedine Zidane, à qui il tient "à présenter (ses) excuses" personnelles. Je tiens à présenter mes excuses pour ces propos qui ne reflètent absolument pas ma pensée, ni ma considération pour le joueur qu'il était et l'entraîneur qu'il est devenu. J'ai accordé un entretien à RMC que je n'aurais pas dû accorder car il cherchait la polémique en opposant Didier à Zinedine Zidane, deux monuments du football français. J'admets avoir tenu des propos maladroits qui ont créé un malentendu. Zinedine Zidane sait l'estime immense que je lui porte, comme tous les Français." Selon une information du Parisien, le président de la FFF compte appeler le champion du monde pour expliquer ses propos et de nouveau s'excuser.

De nombreuses réactions

La réaction de la FFF semblait être obligatoire. En effet, quelques minutes après ses propos, Kylian Mbappé lui-même a défendu Zinedine Zidane dans un tweet cinglant. "Zidane c'est la France, on manque pas de respect à la légende comme ça." Une réaction qui a été saluée par de nombreuses personnalités, laissant entrevoir une ambiance probablement délétère au sein de la FFF. La ministre des Sports,  Amélie Oudéa-Castéra n'a pas non plus manqué de recadrer Noël Le Graët, déjà sous de nombreuses polémiques depuis plusieurs mois. "Déclarations à nouveau hors sol avec en prime cette fois un manque de respect honteux, qui nous heurte tous, à une légende du foot et du sport : un 'président' de la première fédération sportive de France ne devrait pas dire ça, a estimé la membre du gouvernement. Des excuses pour ce mot de trop sur Zinédine Zidane s'il vous plaît." 

La ministre des Sports s'est à nouveau exprimée, lundi 9 janvier, à l'occasion d'une conférence de presse. "On a vu que les propos tenus par le président Le Graët à propos de Zidane ont provoqué un émoi à la hauteur de ce qu'est Zinedine Zidane", a débuté Amélie Oudéa-Castéra, avant d'ajouter : "C'est aussi à la mesure d'une forme de lassitude, pour ne pas dire exaspération, à l'égard de propos qu'on ne veut plus entendre et d'attitudes qu'on ne veut plus voir."

Celle qui avait demandé des excuses à Noël Le Graët ne semble pas avoir été convaincue. La ministre des Sports ne s'est en effet pas montrée très tendre à l'égard du président de la FFF, dénonçant vivement son communiqué. "Ses mots sont inquiétants tant ils montrent que c'est possible que ça disjoncte à nouveau à l'avenir", a-t-elle estimé, considérant "aujourd'hui que, dans le rôle d'un président de fédération, il y a différentes dimensions, toutes importantes". Et de développer : "Il y a une dimension de représentation essentielle et, aujourd'hui, je fais un constat de faillite, avec une parole qui flanche, une parole en roue libre, parfois gravement, de façon répétée."

Ne réclamant pas pour autant la démission de Noël Le Graët, sans doute pour ne pas impliquer, avec elle, le gouvernement, Amélie Oudéa-Castéra a tout de même accentué la pression : "Quand on est président de la première Fédération de France, c'est très problématique. […] Je souhaite que le ComEx [Comité exécutif ndlr.] en prenne toute la mesure, dans un temps d'échange à avoir. Il faut qu'il s'en empare, s'exprime et se positionne dessus." Évoquant un moment "critique" pour l'avenir de la Fédération française de football, la ministre a jugé que "ces sorties de route successives nuisent à l'image de notre pays" et que "nos grands joueurs méritent mieux que ce qu'ils ont aujourd'hui à la tête de leur fédération".

La classe politique en générale s'est emparée du sujet et réclame le départ du président de la FFF. La ministre déléguée aux PME, Olivia Grégoire, a notamment pris la parole. "Le foot mérite mieux et nos légendes aussi", a-t-elle déclaré sur France 2 critiquant "un mépris confondant" et un président de fédération "en dessous de tout". "Il est temps de se poser les questions sur son avenir". "Il y a ce sujet nouveau, mais il y a des sujets encore plus graves qui concernent Noël Le Graët, notamment sur les questions faites aux femmes, les questions de violences et d'atteintes sexuelles. La question de sa place au sein de la présidence de la Fédération doit être posée. D'abord aux adhérents, qui ont renouvelé leur confiance à Noël Le Graët. Zinedine Zidane est beaucoup plus important pour les Français que Noël Le Graët", a de son côté expliqué Aurore Bergé, la députée Rennaissance au micro de France Inter ce lundi.

Acculé depuis plusieurs semaines face aux polémiques et accusations, Noël Le Graët est également scruté et même contrôlé par le gouvernement et le ministère des Sports dans le cadre d'un audit qui doit rendre ses conclusions dans les prochains jours ou prochaines semaines. Pour ce dernier, cette grande enquête permettra de "montrer que la FFF ne fait pas rien, notamment en matière de contrôle d'honorabilité des encadrants dans les clubs dans le cadre de la protection des licencié(e)s et de la lutte contre toutes les formes de violences et d'exclusions, qu'il ne faut pas oublier, tant en termes de prévention que d'actions".

Un scandale d'harcelement sexuel

Que sait-on du scandale d'harcèlement sexuel à la FFF ?

Avant al polémique autour de Zinedine Zidane, Noël Le Graët a été accusé d'harcèlement sexuel par plusieurs femmes. Dans une vidéo partagée sur Youtube le 16 septembre,  Romain Molina explique que les divers abus subis au sein de la FFF ont été passés sous silence. Il assure qu'ils ont commencé dans les années 1980 avec Francis-Pierre Coché, qui était alors le sélectionneur de l'Équipe de France féminine et aurait harcelé sexuellement des joueuses pour qu'elles puissent intégrer l'équipe de France. "Cette enquête (...) concerne un système. Les administrations se sont succédé, les dirigeants se sont succédé, mais au final, c'est quasiment le même système d'étouffer les affaires", explique le journaliste. Il prend l'exemple de l'entraîneuse Angélique Roujas, qui a été licenciée par la FFF pour avoir profité de mineures. Selon Romain Molina, toutes les personnes de la FFF étaient au courant à l'époque, mais la femme est parvenue à garder ses licences d'entraîneur et a été mise à la porte plusieurs années après les faits.

Romain Molina souligne que des dirigeants de la FFF ont été mis au courant de ces agissements, mais que personne n'a fait quoi que ce soit. Ainsi, Brigitte Henriques, numéro 2 de la Fédération, aurait assuré à une joueuse qu'elle ne pouvait rien faire. L'auteur de l'enquête assure que certaines familles et certains joueurs n'ont pas osé parler par crainte. D'autres, membres de clubs amateurs ou familles de membres, ont adressé des mails et des lettres pour des cas de pédocriminalité à la FFF. Selon le journaliste, ils n'ont, en retour, reçu ni assistance ni réponse. La Fédération française de football n'aurait pas informé les ministres des Sports et les autorités compétentes des faits qui lui ont été confiés. "Si ça va jusqu'au bout, on va se rendre compte que la Fédé, évidemment, était au courant et a failli à sa mission de service public", assure Romain Molina.

Cette enquête paraît après celle publiée par le magazine So Foot le 8 septembre 2022 qui dénonçait un harcèlement, sexuel et moral. S'appuyant sur de nombreux témoignages, des SMS "sexuels" auraient été envoyés par Noël Le Graët auprès de jeunes femmes. "Je préfère les blondes, donc si ça vous dit…" ; "Vous êtes drôlement bien roulée, je vous mettrais bien dans mon lit !" Ces SMS auraient été envoyés à des collaboratrices actuelles ou passées qui témoignent de façon anonyme dans le mensuel. "C'est bien simple, il saute sur tout ce qui bouge", explique notamment une ancienne administrative. Le comble ? "Tout le monde est au courant à la Fédération, raconte encore la source, cela fait bien dix ans que ça dure." Selon So Foot, plusieurs femmes ont été amenées à démissionner ces dernières années, car elles se sentaient "harcelées sexuellement, mais aussi moralement". En réponse, la FFF a attaqué pour diffamation le magazine. À la suite des révélations de So Foot, le ministère des Sports a lancé un audit à la suite d'une réunion avec Noël Le Graët et Florence Hardouin (directrice générale de l'instance) ce vendredi. "La ministre leur a indiqué qu'elle allait engager une mission de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) d'audit et de contrôle sur le pilotage de la Fédération et le respect des obligations qui s'y attachent.

Radio France a également dévoilé ce mercredi 12 octobre une nouvelle accusation d'harcèlement sexuel contre le président de la FFF Noël Le Graët, le poussant vers une démission imminente ? 

Le journal dévoile des témoignages de femmes ayant travaillé au sein de l'instance et dénonçant le comportement "inapproprié" du président. "Avec moi, Noël Le Graët était vraiment lourdingue, confie une témoin. Il me disait qu'il voulait me ramener chez lui. Il ne m'envoyait pas de sms. À cette époque, ce n'était pas un pro du téléphone. Mais c'étaient des invitations à répétition pour venir dîner avec lui." Elle affirme, toujours selon le média qu'un jour Noël le président de la FFF lui a dit: "S'il se passe quelque chose entre nous, ne vous inquiétez pas, personne ne le saura."

Noël Le Graët dénonce une cavale contre lui

Mercredi 26 octobre, dans une très longue interview auprès de nos confrères du Parisien, le président de la FFF Noël Le Graët, accusé d'harcèlement sexuel par de nombreuses femmes, rejette toutes les accusations et a même "la faiblesse de penser" qu'il s'agit d'une cabale contre lui. "Ce ne sont pas des accusations, mais des rumeurs qu'on fait circuler sur la base de témoignages anonymes. Je démens totalement et fermement. Je n'ai jamais harcelé personne" lance-t-il fermement dans un premier temps.

Après avoir expliqué à nos confrères qu'il n'a jamais eu de geste déplacé de toute sa vie envers une femme, il exprime ses doutes sur un éventuel complot contre lui pour le faire tomber. "J'ai la faiblesse de le penser. C'est tellement absurde. J'ai essayé de chercher un visage, une personne… Pendant plusieurs jours, mon nom a été jeté en pâture. On m'a affublé de tous les maux. J'ai pris une vague en pleine face. Avec le tribunal Twitter, certains procureurs médiatiques, cela devient une horreur. Trop, c'est trop. Cela me blesse terriblement aujourd'hui…"

Le témoignage de Sonia Souid

Ce mardi 10 janvier, Sonia Souid, agent de joueurs, a également pris la parole dans les médias et notamment pour L'Equipe. Très émue, elle dénonce l'attitude déplacée de Noël Le Graët a plusieurs reprises. Dans son long entretien, elle raconte la "drague permanente alors qu'elle ne rêvait que d'une chose, faire son métier et promouvoir le football féminin" comme le souligne L'Equipe. Elle arrivera à promouvoir ce football féminin et attirera d'une certaine façon Noël Le Graët qui souhaite lui faire rencontrer Brigitte Henriques en charge du foot féminin à la FFF, dans son appartement. Enthousiaste, Sonia Souid explique que cette dernière ne viendra finalement jamais et elle sera attendue avec deux coupes de champagne. "Je suis décontenancée. C'est quand même le président. Je suis déçue. J'ai dû changer de couleur. Je suis partie, lui disant que j'allais rejoindre mon fiancé. Il m'a laissée partir. Après, il m'a appelée régulièrement pour m'inviter à dîner..." explique-t-elle. "J'ai des messages vocaux, et quelques messages SMS : ''Est-ce que vous êtes disponible demain soir ? J'insiste.'' Ou encore il m'écrit : ''Vous me manquez''. Il veut m'inviter à des matches : des excuses pour me voir" relance-t-elle.



source https://www.linternaute.com/sport/biographie/2620377-noel-le-graet-sa-demission-inevitable-plusieurs-instances-du-foot-l-exigent/
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