La consommation et la production d'électricité dans le pays peuvent-elles vraiment décrocher au point de provoquer des coupures cet hiver ? Pendant plusieurs mois, la France s'est trouvé en déficit chronique, qui l'obligeait chaque jour ou presque à importer de l'électricité depuis la Belgique, l'Allemagne, le Royaume-Uni ou encore l'Espagne, la Suisse ou l'Italie. La situation semble plus rassurante depuis la fin décembre, mais la surveillance reste de mise. RTE fournit via la plateforme Eco2Mix des données précieuses, mises à jour en temps réel, qui permettent de prendre la mesure de la situation électrique du pays.
La France produit-elle assez d'électricité pour sa consommation aujourd'hui ?
PRECISION : les données du jour et de la veille sont des cumuls réalisées par nos soins depuis le début de la journée à partir des données "temps réel" mises à disposition sur Data.gouv par l'Open Data Réseaux Énergies (ODRÉ), plateforme réunissant les données de GRTgaz, RTE, Teréga et plusieurs autres organismes clés du secteur de l'énergie en France. Les moyennes à la même date ces 5 dernières années sont calculées à partir des données "consolidées" de 2017 à 2021.
Production et consommation aujourd'hui par quart d'heure
Quel est le niveau de la consommation d'électricité en France ?
PRECISION : sur ce graphique comme sur les deux suivants, les données du jour (courbe rouge et courbe bleue) sont des données "temps réel" établies au pas quart d'heure par l'ODRÉ et disponibles sur Data.gouv. Les moyennes pour les 5 dernières années ont été calculées par nos soins à partir des données "consolidées" disponibles elles aussi sur Data.gouv.
Quel est le niveau de la production d'électricité en France ?
La France importe-t-elle ou exporte-t-elle de l'électricité ?
Quelle est la part de chaque énergie dans la production d'électricité ?
Les dernières courbes ci-dessus le montrent : si la France a pu redouter la pénurie et les coupures d'électricité cet hiver, c'est d'abord à cause de la production et non de la consommation d'énergie dans le pays. Côté consommation, les Français semblent en effet plus économes en 2022 que ces dernières années, comme l'a confirmé RTE dans plusieurs rapports, notamment dans sa synthèse hebdomadaire sur la consommation électrique. Par rapport aux dernières années (hors Covid), la baisse serait de l'ordre de 8 à 9%, à un point ou deux de l'objectif de 10% fixé par Emmanuel Macron à la rentrée pour éviter le pire cet hiver.
La production est en revanche perturbée depuis l'été dernier par d'importantes opérations de maintenance dans les centrales nucléaires françaises, doublées de problèmes de corrosion détectés sur des tuyauteries. 32 des 56 réacteurs gérés par EDF étaient à l'arrêt en août 2022. En redémarrant progressivement nombre d'entre-eux, le fournisseur d'énergie a porté le nombre d'unités connectées au réseau à 40 et la production à 39 gigawatts (GW) début décembre, puis à 44 réacteurs pour 45 GW début janvier sur une capacité totale de 61 GW. 47 tranches devaient être disponibles (en marche ou en état de fonctionnement) à la fin du mois selon le calendrier établi par l'électricien. Mais cela ne suffira pas à maintenir la production au niveau prévu : EDF a annoncé 275-285 térawattheures d'électricité d'origine nucléaire sur l'année 2022, contre 280-300 TWh prévus précédemment.
L'accélération du redémarrage des réacteurs nucléaires, combinée à la baisse de la consommation d'électricité et à des capacités d'importations jugées "satisfaisantes", permettaient néanmoins dès la mi-décembre d'envisager l'hiver avec un peu plus d'optimisme, comme l'a indiqué RTE en décembre puis en janvier 2023 dans ses perspectives sur le système électrique.
Les renouvelables à la rescousse du nucléaire
Dans un courrier envoyé le 4 novembre 2022 à EDF, la ministre de la Transition Agnès Pannier-Runacher a par ailleurs demandé "de tout mettre en œuvre pour dégager de nouvelles marges de manœuvre pour le passage de l'hiver", notamment en boostant la production issue des barrages hydroélectriques et des éoliennes. Une augmentation de la puissance de ces installations, jusqu'ici limitée par la loi, était en question.
Une redevance pesant sur les barrages hydroélectriques devait être supprimée via la nouvelle loi de finances. Concernant les éoliennes, bridées notamment pour éviter les nuisances sonores, le "débridage" jusqu'au 31 janvier 2023 a reçu déjà l'aval de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) et un avis favorable Commission européenne.
source https://www.linternaute.com/actualite/societe/2681666-consommation-et-production-d-electricite-en-france-la-situation-en-temps-reel/
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