Cédric Biscay : "Je rêve de voir un jour Keanu Reeves, Sigourney Weaver et Akira Toriyama au Magic Monaco"

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Bill Sienkiewicz, Colleen Doran, Mark Millar, John Romita Jr., Chris Claremont, Yoshitaka Amano, Buichi Terasawa, Leiji Matsumoto, Christophe Lambert, Wesley Snipe, Dolph Lundgren… La liste des invités prestigieux qui sont venus au festival Magic Monaco a de quoi donner le tournis. Après seulement 5 éditions, l'événement gratuit est ouvert à 3 000 fans de culture pop inscrits, qui vont remplir le Grimaldi Forum de Monaco. Au menu: comics, cinéma, jeux vidéo, animation et, bien sûr, manga. Après trois ans d'absence pour cause de pandémie, le salon revient. Cédric Biscay est le couteau suisse de la culture pop : organisateur d'évènement, licenseur d'anime, scénariste de manga (avec l'excellent Blitz!), producteur de jeu vidéo… Il explique à Linternaute.com les enjeux de cette nouvelle édition.

Linternaute.com : Pourquoi passer sur une formule de deux jours ?

© IWA/Shibuya

Quand il y a eu la première annulation due au Covid, j'ai ressenti une énorme frustration. Pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti une forme d'impuissance. J'ai décidé de narguer ce destin en revenant sur deux jours en 2021. Malheureusement, la pandémie a duré plus longtemps que prévu… Mais on n'a rien lâché, et tous les ans on a renouvelé nos invitations, ajusté notre programme! C'est très difficile: si obtenir l'accord de la venue d'une personne n'est pas le plus compliqué, encore faut-il que son calendrier le permette. On parle parfois de gens dont le planning est rempli pour les trois années à venir…

Vous avez la volonté de maintenir le festival sur deux jours à l'avenir ?

Je ne sais pas. On n'a pas encore pris cette décision. Si cela se passe très bien, on va continuer sur deux jours. Gardons à l'esprit que c'est aussi plus d'investissements, et l'événement reste gratuit.

On a des partenaires, mais peu d'exposants et c'est une volonté d'éviter cet esprit de foire que l'on peut constater dans certains salons. C'est un équilibre très difficile à maintenir, d'autant plus que l'on s'implique au maximum sur l'accessibilité. Cette année nous allons traduire en langue des signes les conférences. Pour moi c'est une évidence, mais d'un point de vue de gestionnaire c'est une dépense supplémentaire. On essaye de trouver plus de sponsors. Et l'image de ce festival et la qualité du line-up nous aident beaucoup.

Combien de temps à l'avance vous y prenez-vous pour réserver vos invités ?

C'est très variable. En moyenne, on entame les discussions un an en amont. Il est toutefois arrivé qu'une rencontre permette d'inviter une personne et que tout se règle en moins de 48 heures.

Pour cette édition, on a réactivé des invités qui étaient prévus en 2020. Certains n'étaient pas disponibles cette année, et on espère pouvoir les faire venir pour une future édition.

Notre marge de manœuvre reste assez réduite au niveau des dates du festival. À Monaco, il se passe énormément de choses, et nous sommes contraints de rester dans cette période.

© MAGIC 2016 ©Fabbio Galatioto

Cette année, le Comics semble moins mis en avant niveau invités. Pourquoi ?

Nous accueillons tout de même William Simpson! Mais c'est vrai qu'on le met plus en avant sur son travail de storyboarder de Game of Thrones que ses runs sur Judge Dredd ou Hellblazer. Comme nous ne vendons pas des billets, on n'a pas la contrainte d'annoncer nos invités plusieurs mois à l'avance, il est possible que d'autres personnalités issues du milieu des comics soient présentes, mais pour l'instant je ne peux rien dire de plus.

Quel est ton rêve en termes d'invités ?

Je rêve de voir un jour Keanu Reeves, Sigourney Weaver et Akira Toriyama au Magic Monaco. J'ai eu la chance de rencontrer ce dernier, chez lui, mais c'est très difficile de réussir à lui donner l'envie de venir à un festival.

Cette année, il y a des invités sportifs. Pourquoi ?

On a Yōichi Takahashi (Captain Tsubasa), c'est le manga emblématique sur le foot et d'une manière générale l'un des auteurs les plus influents du manga de sport. C'est ce qui m'a donné envie de faire une thématique sport x pop culture.  C'est pour ça qu'on a annoncé la présence de Ronny Turiaf (basketteur) qui est un amoureux du manga, des animés. Je vais monter une table ronde sport et pop culture et on est en attente d'autres sportifs.

Cette année le jeu vidéo est très présent, c'est presque l'attraction principale. Pourquoi ce choix ?

On fait beaucoup en fonction des opportunités qu'on peut avoir. Ce qui m'a beaucoup plu c'est d'avoir Ayami Kojima (illustratrice et character designer sur la série Castlevania) et Koji Igarashi (développeur, game designer, producteur de nombreux opus de Castlevania). Pour moi c'est une licence mythique du jeu vidéo, peut-être pas d'un point de vue purement commercial - et encore - mais l'affect des joueurs est incroyable. Il y a un regain de notoriété avec la série animée sur Netflix.

Ayami Kojima est ultra rare, je ne l'ai jamais vue à un autre événement alors que tout le monde connaît et apprécie ses dessins. Elle va faire un live-drawing. On a les Asturia Girls (NdlR : quator de violonistes ukrainiennes qui à notamment joué l'hymne lors de la finale de Ligue des Champions de Football en 2019), qui vont jouer la musique de Castlevania. On n'a rien inventé mais je suis étonné que d'autres événements ne le fassent pas plus ce genre de collaboration, parce que c'est magique.

© Fabbio Galatioto Mars 2019

Dans l'ordre des festivals, vous passez après Angoulême et ses expositions magistrales…

Angoulême est subventionnée par l'Etat, donc quand on a des budgets faramineux on peut faire des expositions magnifiques. J'aimerais beaucoup ajouter des expositions à notre proposition et j'y travaille. Je pense qu'on sera en mesure de faire des choses extraordinaires par la suite parce que nous avons la confiance des auteurs, des maisons d'édition et des studios d'animation. Mais c'est un budget incroyable en termes d'assurance, transport, sécurité…

Mais avec une limite à 3 000 visiteurs il est bien plus simple d'avoir une dédicace au Magic qu'à Angoulême.

Quel est le public du Magic ?

On a beaucoup de gens qui viennent de l'extérieur. Certains viennent de très loin, d'Asie, des Etats-Unis. On a 20% à 30% de Monégasques. On a environ 100 personnes, chaque année, qui viennent des USA. Il y a des Japonais qui viennent, beaucoup de Coréens. Ça me fait toujours halluciner. Les gens viennent en fonction du line-up et c'est intéressant de voir qu'au fur et à mesure des années les gens réservent de plus en plus en amont parce qu'on a généré cette confiance et qu'on ne déçoit pas les gens par rapport à ce qu'on a annoncé.

En parlant de confiance, il y a deux projets d'animation Astro et Cobra que les fans attendent avec impatience. Des nouvelles à ce sujet ?

Là dessus je fais mon mea culpa.  On a annoncé ces projets trop tôt par rapport à la temporalité de la production d'animation. Il y a des contraintes économiques telles que ces projets ne peuvent pas se lancer aussi facilement que d'autres. On avait signé plusieurs contrats, notamment de distribution pour Astro, mais après plusieurs années à attendre en vain j'ai préféré casser ces derniers pour remonter un partenariat avec les équipes de Mediawan qui ont une structure bien plus dynamique. En plus ça me tenait à cœur de pouvoir travailler avec Thomas Astruc. Astro c'est une licence et figure  iconique,  connue dans le monde entier. Thomas qui a conquis le monde avec Miraculous a ma confiance totale pour ce reboot d'Astro. J'étais tellement heureux de pouvoir enfin partager cette annonce à Annecy l'an passé, avec mon ami Aton Soumache. Pour Cobra, on a plein de trucs qui avancent bien entendu mais tant qu'on n'a rien de concret on ne dira rien. On ne veut plus prendre le risque de générer de la frustration, on apprend de nos erreurs.



source https://www.linternaute.com/livre/mangas/2755469-cedric-biscay-je-reve-de-voir-un-jour-keanu-reeves-sigourney-weaver-et-akira-toriyama-au-magic-monaco/
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