Infirmiers libéraux en colère : pourquoi les soignants se rebellent

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Ils encaissent en silence depuis des années, mais désormais, les infirmiers libéraux font entendre leur voix et ils sont en colère. C'est d'ailleurs le nom du collectif asyndical formé fin janvier par plusieurs groupes de soignants. Ils sont déjà près de 10 000 à prendre part à la cause sur les réseaux sociaux et l'organisation virtuelle a déjà mené des actions concrètes à l'adresse directe du président de la République. Depuis le lundi 6 février, les Infirmiers en colère envoient chaque jour leurs feuilles de soins "pour alerter le gouvernement sur notre situation, […] pour se faire entendre et montrer qu'on est là", lance Gaëlle Cannat, infirmière libérale et administratrice du collectif en Provence-Alpes-Côte d'Azur, contactée par Linternaute.

Les Infirmiers en colère se sont aussi manifesté auprès des élus locaux, députés et sénateurs pour rappeler leur "sentiment que rien n'est fait pour [leur] profession" et leur "impression d'avoir été oubliés". Pour eux qui étaient présentés comme des héros pendant la crise sanitaire, l'après-covid "a été la douche froide" selon Gaëlle Cannat.

Qu'exigent les Infirmiers en colère ?

La liste des revendications est longue et surtout, elle n'est pas nouvelle. Les infirmiers libéraux insistent pour obtenir une revalorisation des honoraires et des indemnités qui devient urgente après dix années passées sans que le tarif des actes médicaux n'ait été réévalué. A ces difficultés financières s'ajoute le sujet des retraites. Avec ou sans réforme, les infirmiers libéraux, pour la majorité, obtiennent une retraite à taux plein à… 67 ans et ce, malgré des horaires à rallonge et des efforts physiques presque quotidiens.

Des actes médicaux "correctement" payés

En période d'inflation, la revalorisation des honoraires devient urgente et nécessaire selon le collectif, en particulier sur les actes de base "qui sont ceux dont la population a besoin – des injections, des pansements, etc – et qui ne sont pas correctement payés", juge l'infirmière libérale à Aix-en-Provence. Avec des tarifs actuels qui proposent une prise de sang à 6,75€, un pansement à 6,5€ et une injection intramusculaire à 4,5€, "quand on fait une piqûre, il ne nous reste pas grand-chose", regrette Gaëlle Cannat, qui rappelle que "la moitié de ces prix bruts part dans les charges".

Si le collectif Infirmiers libéraux en colère ne s'est pas associé à un syndicat, certaines propositions de la fédération Convergence infirmière vont dans son sens. Le syndicat exige notamment la tenue de nouvelles conventions pour réévaluer les honoraires "ridicules". A quels tarifs ? 10€ pour des prises de sang, 8€ pour des pansements et 6€ pour des injections intramusculaires.

Une revalorisation de l'indemnité de déplacement de 2,5€

"Il y a des infirmiers libéraux pour qui ça devient très compliqué de faire le plein", alerte Gaëlle Cannat, pointant du doigt l'indemnité de 2,5€ censée couvrir le coût d'un trajet en voiture. Un niveau si bas que certains patients "ne trouvent plus d'infirmiers pour leur faire leurs injections ou enlever des points de suture parce que ce n'est pas assez payé". "C'est malheureux, mais pour certains infirmiers qui se déplacent loin, parfois la question de pose" est forcée de constater avec regret la soignante.

Ces revendications sociales et financières gênent la représentante du collectif en PACA : "On a l'impression de faire que demander de l'argent mais ce qu'on veut, c'est pouvoir prendre en charge les gens correctement. Quand on voit dans quel état sont les EHPAD, je préfère que les gens soient chez eux et qu'on puisse s'en occuper."

Et sur les retraites ?

Que la réforme des retraites soit adoptée ou non, les infirmiers libéraux devront, pour la plupart, attendre 67 ans pour bénéficier d'un départ à taux plein en ayant le plus souvent commencé une carrière autour de 21 ans. Le texte à l'étude à l'Assemblée en ce moment ne devrait pas changer grande chose. Pourtant, "on travaille tôt le matin, tard le soir. On remplit toutes les conditions pour être reconnu comme une profession pénible, mais ce n'est pas le cas", regrette encore l'infirmière libérale.

Les Infirmiers en colère vont-ils faire grève ?

Après l'opération épistolaire, le collectif espère recevoir une réponse du gouvernement. Mais si l'exécutif reste silencieux, les soignants n'écartent pas des actions plus dures. Des grèves ? Non. Tenus par la permanence de soins, les infirmiers libéraux n'ont pas le droit de faire grève explique Gaëlle Cannat. En revanche, les discussions sont en cours pour organiser la suite du mouvement. Reste qu'animés par leur vocation, les infirmiers assurent que "nos patients ne seront pas otages de nos actions, c'est une certitude".



source https://www.linternaute.com/actualite/societe/2750727-infirmiers-liberaux-en-colere-pourquoi-les-soignants-se-rebellent/
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