Référendum sur la réforme des retraites : est-ce possible ?

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Le sort de la très inflammable réforme des retraites va-t-il être tranché par les Français ? C'est en tout cas ce que semble vouloir une majorité de la population, selon un sondage de l'institut CSA pour CNews. Selon les résultats de l'enquête, menée auprès de 1010 personnes, 69% des interrogés souhaitent pouvoir décider de la mise en oeuvre, ou non, du projet de loi du gouvernement. Ce sont davantage les jeunes (moins de 35 ans) qui veulent pouvoir décider de ce qui les attendra dans quelques dizaines d'années (77%), tandis que la part des plus de 50 ans défendant cette idée est moindre, bien que majoritaire (63%). Côté politique, 77% des personnes s'identifiant à gauche soutiennent cette éventualité (87% chez LFI !) et 76% du côté des partisans du RN. En revanche, les soutiens d'Emmanuel Macron et de LR ne sont que 45% à vouloir un référendum. Ce dernier est défendu par la gauche et l'extrême-droite. Mais sa mise en place semble irréaliste.

La Nupes va-t-elle voter le texte du RN ?

La première étape interviendra le lundi 6 février. Ce jour là, à l'Assemblée nationale, les députés étudieront un texte du Rassemblement national demandant la mise en place d'un référendum sur la réforme des retraites. Pour faire passer ce qui est appelé "motion référendaire", le texte doit recueillir le vote de plus de la moitié de l'hémicycle.

Le RN, avec ses 88 députés, ne peut à lui seul faire passer le texte. Les députés de la majorité présidentielle s'y opposeront tout comme, à priori, les LR. Reste alors à convaincre la gauche de signer. Mais la partie s'annonce très compliquée. Une guerre politique a éclaté après que le texte du RN a été choisi par tirage au sort, alors que la Nupes avait elle aussi déposé, en premier, une motion référendaire similaire. De nombreux élus de l'union de la gauche se sont emportés et ont, d'emblée, annoncé refuser de signer avec le parti de Marine Le Pen, à l'image des communistes et des écologistes.

La patronne des députés d'extrême-droite n'a pas caché son amertume face à ce revirement de la Nupes, alors même que cette dernière est elle aussi opposée à la réforme des retraites. "Objectivement, est-ce que c'est grave ? C'est quoi le problème ? Il y a une motion référendaire. L'idée c'est de dire : la réforme des retraites est un sujet de société qui impacte directement la vie de dizaines de millions de Français et donc c'est à eux de décider s'ils sont d'accord ou pas avec la réforme présentée. Que ce soit la motion présentée par le RN ou que ce soit la motion présentée par la Nupes, ça revient exactement au même", a-t-elle commenté sur Franceinfo, mercredi 1er février 2022.

Le texte sera soumis au vote de l'Assemblée nationale lundi 6 février. A première vue, difficile donc d'imaginer la Nupes (ou une partie) voter avec le RN, bien qu'eux-mêmes aient également eu la volonté de lancer le processus d'un référendum. Question d'égo politique. "S'ils étaient moins sectaires et s'ils pensaient plus à l'intérêt supérieur des Français plutôt qu'à leur intérêt politicien, évidemment, ils voteraient", a tancé Marine Le Pen. Laquelle n'a pas manqué de rappeler les propos de son ex-adversaire à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon. A Marseille, mardi 31 janvier, en marge de la manifestation contre la réforme des retraites, l'ancien candidat de la Nupes avait lancé : "je mets au défi les autres partis qui se disent d'opposition d'adopter cette motion." "Moi je suis d'accord pour une fois avec Jean-Luc Mélenchon" a répondu la députée du Pas-de-Calais.

Pour tenter de faire pencher la balance en sa faveur, le Rassemblement a créé un site internet qui "permet à tout citoyen de demander à son député de voter pour la motion référendaire du RN." Concrètement, il s'agit d'une plateforme sur laquelle toutes les adresses mails des députés sont référencées afin de leur adresser un courriel. Cela aura-t-il son effet ?

Macron dernier décisionnaire

Si un concours de circonstance permettait de faire passer la motion référendaire à l'Assemblée, cette dernière serait ensuite transmise au Sénat qui devrait à son tour émettre un avis favorable. Seulement dans ce cas de figure, la proposition de référendum serait alors transmise au président de la République. Mais il resterait tout à fait libre de son choix. Dans le cas d'une motion référendaire, le travail et le vote parlementaire n'entérine pas définitivement le choix des élus : c'est à Emmanuel Macron que reviendrait le dernier mot. A lui alors de décider s'il souhaite, ou non, convoquer les Français aux urnes sur ce sujet.



source https://www.linternaute.com/actualite/societe/2730277-referendum-sur-la-reforme-des-retraites-est-ce-possible/
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