Il a remis une pièce dans la machine et cela semble aujourd'hui inéluctable : Donald Trump semble bel et bien en passe de déclarer sa candidature à l'élection présidentielle américaine de 2024. L'ancien président des Etats-Unis, battu à l'automne 2020 par Joe Biden, a déclaré, lundi 7 novembre 2022, qu'il ferait une "très grande annonce" le mardi 15 novembre, depuis son domicile de Mar-a-Lago, situé à Palm Beach, à la pointe sud-est des Etats-Unis, près de Miami. Depuis plusieurs jours, l'officialisation de l'entrée du milliardaire dans la course pour la Maison blanche, sous la bannière du Parti républicain (conservateurs), se fait de plus en plus pressante. Lors d'une prise de parole dans l'Ohio à la veille des midterms (organisées ce mardi), le septuagénaire a posé les jalons d'une candidature, poussant l'électorat républicain à "arrêter la destruction de notre pays et [à] sauver le rêve américain." Depuis plusieurs semaines déjà, Donald Trump concentre l'attention, au rythme de ses interventions aux côtés de nombreux candidats républicains pour les midterms, à travers tout le pays. Ses montées sur scène ont régulièrement été accompagnées de propos laissant clairement entendre ses velléités de s'installer à nouveau dans le Bureau ovale.
Donald Trump sera-t-il candidat à l'élection présidentielle américaine de 2024 ?
"Je vais très très très probablement le refaire !" C'est en ces termes, prononcés le 3 novembre 2022, que Donald Trump a annoncé qu'il envisageait sérieusement de se déclarer candidat à l'élection présidentielle des Etats-Unis en 2024. Depuis plusieurs semaines, Donald Trump essaimait des indices facilement décryptables sur ses sa volonté de briguer la présidence du pays. Ce jour-là, dans l'Ohio, le milliardaire a été on ne peut plus clair : "Afin de rendre notre pays prospère, sûr et glorieux, je vais très très probablement le refaire, d'accord ? Mais vraiment très très probablement !"
Des propos venant agrémenter un discours dans lequel il ne reconnait toujours pas sa défaite à l'élection présidentielle de 2020, lui qui n'a jamais officiellement accepté avoir été battu par Joe Biden. "J'ai couru deux fois, j'ai gagné deux fois et j'ai fait beaucoup mieux la deuxième fois que la première, obtenant des millions de voix de plus en 2020 qu'en 2016 - et de même, obtenant plus de voix que n'importe quel président en exercice dans l'histoire de notre pays de loin", a-t-il lancé, se retranchant derrière son déni du résultat final et ses soupçons de triche envers les démocrates.
Quand Donald Trump pourrait-il se déclarer candidat à l'élection présidentielle américaine ?
Ses propos ne laissant presque aucun suspense quant à sa décision, Donald Trump devrait officiellement se déclarer candidat à l'élection présidentielle américaine le mardi 15 novembre 2022, date à laquelle il a donné rendez-vous pour une "très grande annonce". Si la date du lundi 14 avait initialement été évoquée, l'ancien chef d'Etat pourrait entrer dans la course à la Maison blanche une semaine pile après la tenue des midterms. Une temporalité qui devrait permettre, d'ici là, de connaître les résultats consolidés et définitifs des élections de mi-mandat et, donc, de l'ampleur de la victoire promise aux républicains.
Donald Trump peut-il redevenir président des Etats-Unis ?
S'il se lance officiellement dans la course à la présidence des Etats-Unis, quelles sont les chances de Donald Trump de se réinstaller à la Maison blanche ? D'abord, comme pour tout scrutin, le septuagénaire devra d'abord passer par la primaire du Parti républicain. Aura-t-il seulement de la concurrence ? Le gouverneur de Floride, Ron de Santis, semble être la principale menace pour le milliardaire. Mais sa popularité auprès de sa base militante constitue un atout de poids pour sa candidature, bien qu'elle soit déclinante. " En septembre, la chaîne NBC sortait un sondage montrant à qui allait d'abord la loyauté des électeurs républicains entre Donald Trump et le parti. Ils étaient 33 % à mettre Trump devant le Parti républicain. C'est toujours un chiffre important, mais c'est moins qu'en janvier 2021, où ils étaient 46 %", explique Jean-Éric Branna, maître de conférences à l'Université Paris-II et auteur de Géopolitique des États-Unis, à Ouest-France.
Par ailleurs, à l'échelle du pays, Donald Trump est décrié. Empêtré dans plusieurs affaires, dont celle de l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021, il doit faire face à environ 55% d'opinion défavorables. Également, l'évolution de la démographie américaine pourrait être une embûche de taille à une réélection de Donald Trump, lequel pourrait déjà être handicapé par son âge (78 ans en 2024). "Il y a une réalité démographique qui n'est pas favorable aux candidats républicains. Aux Etats-Unis, des minorités culturelles (latino-américaines, afro-américaines…) ont tendance à voter en faveur du parti démocrate. Ce sont des populations en forte croissance par rapport à la population blanche. Or, l'électeur classique républicain, c'est l'homme blanc de 40 ans. Ils sont voués à avoir de moins en moins de place dans l'importance démographique du pays, tandis que les classes afro pourraient devenir majoritaires dans les années à venir", analyse auprès de Linternaute Marin Fortin-Bouthot, chercheur et coordonnateur de l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de Montréal (Canada). Après avoir été le 4e président post-Seconde guerre mondiale à ne pas se faire réélire, Donald Trump échouera-t-il à nouveau dans sa quête présidentielle ?
Donald Trump et l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021
Les images avaient marqué le monde entier. Le 6 janvier 2021 devait être le jour de la proclamation officielle des résultats de l'élection présidentielle américaine. Un peu plus de deux mois après le vote des électeurs, la victoire de Joe Biden devait officiellement être entérinée au Capitole, situé à Washington, lieu où sont regroupées les deux chambres parlementaires du pays, la Chambre des représentants et le Sénat. Mais ce jour-là, rien ne s'est passé comme prévu. Contestant les résultats dès le jour du vote, le camp de Donald Trump a manifesté devant le centre du pouvoir législatif ce 6 janvier. Mais très vite, des débordements ont eu lieu avec des partisans du président sortant qui ont envahi le site dans l'objectif d'empêcher la certification des résultats. Un véritable assaut, semblable à une insurrection, qui vire au drame : quatre manifestants perdent la vie, ainsi qu'un policier. Tenu comme principal responsable de ces émeutes, quel rôle a véritablement joué Donald Trump ce 6 janvier 2021 ? Une commission d'enquête parlementaire arrive à éclaircir le dossier.
Un appel au rassemblement et un discours combatif
A l'origine, ce rassemblement des partisans de Donald Trump contestant eux aussi les résultats de l'élection présidentielle a été initié par le président américain. Ce dernier avait appelé à un rassemblement sous le nom de "Save America March", lui qui a toujours allégué une fraude électorale et déposé des dizaines de recours, tous rejetés. Au départ, les manifestants se regroupent au parc The Ellipse, derrière la Maison Blanche. Aux alentours de midi, Donald Trump prend la parole en public et appelle à marcher vers le Capitole, situé à 2,5km de là, "pour pacifiquement, patriotiquement faire entre vos voix." Mais ce terme de "pacifiquement" est noyé au milieu d'un discours bien plus combatif, lors duquel il a appelé à "arrêt[er] le vol (de l'élection, selon lui, ndlr)" et à se "batt[re] comme un diable." "Si vous ne vous battez pas comme un diable, vous n'aurez plus de pays", avait-il lancé. Les manifestants partent ensuite en direction du Capitole et commencent à envahir le site.
Un plan "prémédité" par Donald Trump
Selon la commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur l'assaut du Capitole, Donald Trump est "la cause centrale du 6 janvier", a-t-elle estimé jeudi 13 octobre 2022. "Il a été personnellement et de manière conséquente impliqué dans tout cela", a détaillé Liz Cheney, présidente de la commission. L'ancien président des Etats-Unis aurait établi "un plan prémédité du président pour déclarer sa victoire, quel qu'ait été le vrai résultat", a ajouté Zoe Lofgren, autre membre de la commission. "Son intention était claire, ignorer l'Etat de droit et rester au pouvoir", a appuyé Adam Kinzinger, également membre de la commission.
Que risque Donald Trump ?
Jusqu'ici jamais entendu par la commission, Donald Trump a été cité à comparaître devant cet organe politique. Du fait qu'il ne s'agisse pas d'une instance judiciaire, l'ancien président peut tout à fait refuser de se présenter, bien qu'il s'agisse d'un délit fédéral. Le milliardaire américain devrait engager des recours devant les tribunaux pour tenter de ne pas avoir à répondre aux questions des neuf parlementaires qui composent la commission. A ce stade, et uniquement dans le cadre de cette commission d'enquête, Donald Trump ne risque rien pénalement.
En revanche, en parallèle, la justice américaine a ouvert une enquête sur l'assaut du Capitole. Un dossier ultra-sensible qui avance en toute discrétion, compte-tenu de la dimension politique du sujet. Cependant, le ministre américain de la Justice avait indiqué que "personne n'est au-dessus de la loi dans ce pays", laissant ainsi entendre que Donald Trump pourrait être inculpé selon les éléments recueillis. "Nous devons faire rendre des comptes à toute personne qui est responsable pénalement d'avoir essayé de renverser une élection légitime", avait-il indiqué en juillet 2022, ainsi que l'avait rapporté l'agence de presse suisse Keystone-ATS.
Donald Trump accusé de viol
En plus des affaires liées à l'assaut du Capitole et à des soupçons de fraude fiscale, Donald Trump est également accusé d'un viol, qui aurait été commis dans les années 1990. Si la plainte a été déposée en 2019, le dossier ressort en raison de la décision d'un juge obligeant l'ancien président des Etats-Unis à effectuer sa déposition dans les prochains jours, lui qui souhait reporter cet acte, certainement après les élections de mi-mandat, organisées le 8 novembre.
L'affaire avait éclaté le 21 juin 2019. Donald Trump, alors président des Etats-Unis, a été accusé de viol par Elizabeth Jean Carroll. Selon le récit de cette chroniqueuse pour le magazine Elle, le milliardaire l'aurait agressée sexuellement dans une cabine d'essayage du magasin de luxe Bergdorf Goodman, un grand magasin de New-York, fin 1995 ou début 1996.
"Au moment où la porte de la cabine se referme, il se jette sur moi, me pousse contre le mur et plaque sa bouche sur mes lèvres. Je suis surprise et je le repousse et je ris à nouveau. Il m'attrape les deux bras et me pousse à nouveau contre le mur, passe sa main sous ma robe et baisse mes collants. L'instant d'après, toujours vêtu de son costume, il ouvre son imperméable, défait sa braguette, touche de force mes parties intimes avec ses doigts, et me pénètre avec son pénis, complètement ou à moitié – je ne suis plus certaine. Nous luttons avec force. Je porte des talons de 10 cm, et j'essaie de lui écraser le pied. J'arrive enfin à le repousser avec mon genou, à ouvrir la porte et à sortir en courant", avait raconté la plaignante, aujourd'hui âgée de 78 ans, au New-York Magazine.
De son côté, Donald Trump s'était défendu en évoquant "une histoire complètement fausse et irréaliste, qui refait surface 25 ans après s'être prétendument déroulée (au moment du communiqué, en 2019, ndlr), et qui a été inventée pour ternir la réputation du président."
Donald Trump accusé de fraude fiscale
Mercredi 21 septembre 2022, la procureure générale de l'Etat de New-York, Letitia James, a donné une conférence de presse pour annoncer l'engagement de poursuites pour fraude financière. "Le procès allègue que Donald Trump, avec l'aide de ses enfants Donald Trump Jr., Ivanka Trump et Eric Trump, et des cadres supérieurs de la Trump Organization (son entreprise, ndlr), a faussement gonflé sa valeur nette de milliards de dollars pour inciter les banques à prêter de l'argent à sa société à des conditions plus favorables que celles qui auraient autrement été offertes à l'entreprise", a-t-elle expliqué, précisant par ailleurs que la démarche avait pour objectif d'obtenir de meilleures assurances à des prix moindres mais également à décrocher des réductions d'impôts. Le rapport de 222 pages permet de mettre au jour que "de 2011 à 2021, M. Trump et la Trump Organization ont sciemment et intentionnellement créé plus de 200 évaluations fausses et trompeuses d'actifs sur ses états financiers annuels pour frauder les institutions financières."
Qu'est-il reproché à Donald Trump ?
Si le rapport évoque donc plus de 200 fraudes financières de Donald Trump, certaines sont iconiques car elles concernent des propriétés phares de l'ancien président américain :
- Son domicile de Mar-a-Lago : située en Floride (sud des Etats-Unis), au bord de l'Atlantique, à une heure au nord de Miami, la résidence a été évaluée à 739 millions de dollars contre… 75 millions en réalité. L'écart serait lié au potentiel de développement résidentiel du terrain, idée finalement abandonnée par Donald Trump ;
- Un triplex dans la Trump Tower sur la 5e avenue : sur l'une des artères les plus connues de New-York, Donald Trump a fait bâtir le siège de sa société, la Trump Tower. A l'intérieur, un triplex dont la surface déclarée a été… triplée : 2790m² annoncés contre 1020m² en réalité. De quoi faire grimper une estimation, farfelue, à 327 millions de dollars.
- L'immeuble du 40 Wall Street : toujours à New-York, non loin de la bourse américaine, l'immeuble situé au 40 Wall Street est la propriété de Donald Trump. Selon l'enquête de la procureure générale de New-York, il a été évalué par un expert indépendant d'une banque à 220 millions de dollars en 2012, montant bondissant à… 735 millions de dollars en 2015, selon Donald Trump. La raison ? Des expertises ensuite faussées par un cabinet qui appliquait un taux de rendement locatif du bâtiment faussé et particulièrement élevé.
- Un terrain de golf en Ecosse : l'affaire n'avait pas manqué d'être médiatisée. En 2020, Donald Trump ambitionnait d'étendre un golf situé dans un paisible village écossais, sur les bords de la mer du Nord. Un site qu'il avait fait évaluer à 327 millions de dollars en 2014. Un montant basé à 80% sur la valeur générée par la construction et la mise en location de 2500 maisons, alors qu'il n'avait obtenu un accord que pour moins de 1500 maisons.
- Un terrain de golf en Floride : à quelques kilomètres au nord de sa résidence en Floride, Donald Trump a fait l'acquisition en 2012 d'un golf, moyennant 5 millions de dollars. Mais, un an plus tard, le nouveau propriétaire évaluait son bien à… 62 millions de dollars. Comment ? Aux Etats-Unis, les adhérents aux clubs de golf déposent un acompte d'adhésion (plusieurs milliers d'euros) qui doit être restitué au bout de 30 ans à l'adhérent. Cette manne financière représentait 41 millions de dollars. Donald Trump l'a inclue dans l'évaluation du golf alors qu'elle ne peut être groupée à la valeur du site. Par ailleurs, cette dernière a été surestimée en raison de l'utilisation de la marque "Trump".
- Un ancien bureau de poste à Washington : le magnat de l'immobilier avait décroché en 2013 un bail pour exploiter l'ancien hôtel de Poste de la capitale américaine et le transformer en hôtel. Pour cela, il avait alors contracté un prêt de 170 millions de dollars auprès de la Deutsche Bank, accordée grâce à des documents frauduleux. Mais en 2022, il a revendu son bail pour 375 millions de dollars. Le bénéfice net empoché au cours de cette opération serait de 100 millions de dollars.
Que risque Donald Trump ? Peut-il aller en prison ?
Une plainte au civil a été déposée devant la Cour suprême de l'Etat de New-York par la procureure générale de l'Etat de New-York, Letitia James. Si la magistrate ne requiert pas de peine de prison à l'encontre de Donald Trump, elle réclame 250 millions de dollars de réparation, ainsi que les interdictions de gérer une société à son encontre et celles des enfants Trump, dans l'Etat de New-York, et de solliciter un prêt durant cinq ans dans ce même Etat.
source https://www.linternaute.com/actualite/monde/1776114-donald-trump-candidat-en-2024-des-chances-de-redevenir-president/
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